Adieu, paniers, vendanges sont faites...
C'est ce que qui se chante dans la région ,
jusqu'à la fin du XIX° siècle.
Le phylloxéra et le mildiou attaquent,
on arrache tout, sans espoir de retour.
Pourtant, les vendanges et les " persorailles "
étaient un joyeux moment,
tout comme les moissons !
Le blé 2/ la passée d'oût - Vexin/Mantois
Corot a bien dû voir les vendanges, quand il allait à pied,
chez sa copine , qui habitait Bonnières,
après Mantes, avant Rosny !
ici, son " Pont de Mantes "
" A Mantes fut la dînée
Où croît cet excellent vin;
Que sur le Clos Célestin
Tombe à jamais la rosée !
Puissions-nous dans cinquante ans
Tous ensemble en faire autant ! "
chante Regnard au XVIII° et il ajoute ironiquement
( Célestins de Limay, face à Mantes)
" Ces pauvres Célestins font voeu de boire présentement le vin
qui coule dans leurs clos; je n'en scais pas la raison,
mais enfin par obéissance et mortification, ils avalent le calice
le mieux qu'ils peuvent : Dieu leur donne la patience
nécessaire pour supporter pareilles adversités ! "
Henri IV appréciait ce vin, en visite à Rosny chez Sully,
en compagnie de Gabrielle d'Estrées !
Les coteaux de la Seine et la Vaucouleurs,
ainsi que l'Oise étaient couverts de vignobles,
qui faisaient vivre une grande partie des gens.
A La Roche-Guyon, en 1758, on compte 117 vignerons et vigneronnes.
Plus tard, gels, maladies font périr les plants.
Puis prix du vin bas et cherté du blé transforment les champs.
Meunier et Gamet noirs, Meslier blanc.
A parrtir de 1923, essai de reconstituion des cépages :
Othello, Baco, Noah et Seibel donnent
un vin dont les plus généreux vont à 10°.
Bon, il faut accepter notre climat !
Entre la Saint Michel et la Saint Denis :
Ouverture de la récolte à son de caisse par le ban des vendanges,
continuée jusque vers 1890 par tradition plus que nécessité :
travail trop dur, bas salaires, vente incertaine...
Tout le monde vient pour " ider "
L'âne est remis au travail...
cf : La lessive - Vexin - Val de Seine XIX °
les gueulbées vont dans les charrettes.
On se dirige vers les vignes en dehors du village,
sur les grouettes ou les meurgers,
les terres pierreuses ou crayeuses.
Attention : surtout ne pas " égrener " :
laisser tomber les grappes à terre,
sinon, gare au Patron...
on coupe avec tout ce qu'on peut trouver !
sécateurs, couteaux, serpettes, ciseaux de couturière...
Le panier rempli est déversé dans le " bachou " , la hotte
lui-même vidé dans les " gueulbées "
On chante, on siffle : pas pour le plaisir mais
pour ne pas manger. Si un jeune parfois l'oublie,
un rapide besoin de s'isoler
le rappelle à la modération !
Midi : sur le pouce du salé,
un " boudou" et du pain d'alouette,
un coup de vin
Le dessert est à portée .
On rentre courbaturé, " enfriboutis "
et on foule dans les gueulbées,
au pilon ou à la main. S'ensuit un vin de cuve, clair,
que l'on mélangera avec
un autre, produit par pressage mécanique du marc
Le pressoir , le " persoué " est propriété
du charron ou du maréchal-ferrant
La récolte est maigre; pas de grandes
réjouissances, un casse-croûte...
du pain bis, du fromage et des calots,
les noix qui donnent bon goût au vin nouveau .
Le soir... les estomacs durement sollicités contraindront
les pauvres vendangeurs exténués
à quelques arrêts dans les buissons...
Les coteaux de Limay, plein Sud
Après la Grande Guerre, le vin d'Algérie arrivera par tonneaux
et sera mis en bouteille dans nos caves.
Mon Grand-Père ne jurait que par le Sénéclauze !
Bon, on n'a plus de raisin...
il faut s'y faire... mais étant donné le résultat bien âpre
des essais actuellement réalisés...
il nous reste heureusement Marie Laforêt :