Noël dans le Vexin --- XIX ° siècle

24.12.2009

Dans le Vexin, au XIX° siècle
des trois messes obligatoires
Minuit
Aube
et matin, à l'heure habituelle du dimanche

ne subsistait que la Messe de Minuit,
obligatoire pour les Catholiques

Et
La MESSE de Minuit,
                                   c'est à Minuit, pile...
                c'est bien tard pour les petits...

Alors, on attend ensemble;
réunis autour de l'âtre
on raconte aux enfants des histoires...
non pas à dormir debout,
mais pour les tenir bien éveillés :

Le passé, les revenants,
les fantômes, les dames blanches...
pendant que la maitresse de maison prépare
les pâtes : des pets-de-nonne
                        et des crottes d'âne

La cloche sonne; on se couvre, on prend la lanterne et la chaufferette
et dans la nuit et souvent la pluie, on va vers l'Eglise, dont les vitraux
laissent passer de la lumière, inhabituelle...
L'office est fini, le " Minuit Chrétien"
est entonné par tous, suivi
d' " Il est né le Divin Enfant "
La Messe est inconcevable sans ces chants,
le plus jeune des enfants
ayant porté le "Jésus " sur la paille
dans la mangeoire de la Crèche

Vite, on revient au chaud !
Place au Réveillon :
fagots et bûches éclairent la table.

MENU
Charcuterie - Andouille - Pâté de Foie
Fromage de Cochon -
Marrons grillés
Pets-de-nonne et Crottes d'Ane
aux confitures de l'été

Les réserves du cochon de la St Martin ont tenu jusque là
On fait des crêpes en chantant
on arrose le tout de Cidre bouché
ou du Vin le célèbre "COUILLOTIN "de LIMAY
(le pont de Mantes de Corot, c'est là !)

Les petits, épuisés, vont au lit
mais pensent bien à mettre leurs sabots sous le manteau de la cheminée.
Ils savent bien que le Petit Jésus, pendant la nuit,
quitte son berceau et visite la maison des enfants sages...

A défaut, le Père Noël ( donc déjà connu vers 1880 )
vient avec sa barbe blanche
TOUT DE BLANC VETU,
( Coca-Cola ne l'avait pas encore teint en rouge...)
passe par la cheminée et dépose
des friandises et des joujoux amusants...

Les vrais jouets chers sont pour les enfants de LA VILLE
Les paysans sont pauvres : un "poupard" pour les filles,
des soldats de bois ou des animaux de ferme en bois,
taillés dans du bois local pour les gars
Et des objets U-TI-LES ! :
bas tricotés, chaussons de laine
ds fruits gardés pour Noël, des sucreries de l'épicier
Parfois : des verges pour les enfants désobéissants...
tout le monde n'a pas de parents, les nourrices sont souvent dures
avec les Pupilles de "L'Assistance ",
ceux qui sont vêtus de noir à l'école publique...

En ville, les enfants des familles aisées
remettent un compliment calligraphié et enluminé aux parents
et récitent :

" Ces quatre petits vers vous disent le bonjour;
Ces quatre petits vers vous peignent mon amour,
Ces quatre petits vers vous offrent vos étrennes,
Ces quatre petits vers vous demandent les miennes..."

Les gamins des champs, eux se consolent, besace à l'épaule,
le 1° Janvier au matin; de porte en porte
ils vont souhaiter
"Une Bonne Année et une Bonne santé "
               espérant recevoir une friandise,
                                   ou au moins un gros bisou !

Documentation
Etienne BOUGEATRE
Instituteur - 1930 environ
"La vie rurale dans le Mantois et le Vexin
au XIX° siècle"
Meulan 1971